Loulou-Li-Buck : dérapages involontaires

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02/11/2007, 20h57

Loulou-Li-Buck – Dérapages involontaires


J’avais très mal au ventre, lequel m’envoyait des messages tenaces que j’ai trop bien compris.

Il faisait noir, j’en ai conclu que nous étions au milieu de la nuit.

Une envie insupportable me taraudait.

J’ai donc fini par tenter d’alerter ma Deux-Billes, qui dormait à poings fermés. J’ai fait le tour de sa couche à plusieurs reprises, en gémissant timidement. J’étais extrêmement gêné (Imaginez : ma Deux-Billes, me voir dans cet état !)

Elle a finalement ouvert un œil, lequel m’a scruté avec une intensité cruelle : oui, ce mauvais œil avait incontestablement deviné la nature de mon problème.

Deux-Billes s’est littéralement jetée dans son jean, son pull-over et ses chaussures et d’un commun accord, ébouriffés tous deux, nous nous sommes précipités à l’extérieur, où j’ai pu me libérer (quelque peu bruyamment) de mon petit problème.

Nous sommes restés quelques instants dans le pré voisin, histoire d’être sûrs que le problème soit liquidé (si j’ose dire) - tout en prenant un bon petit coup de froid – en évitant d’échanger nos regards, pudeur oblige.

J’avais bien remarqué que Deux-Billes faisait semblant de ne rien voir. Alors qu’elle SAVAIT…. Je lui en sais gré…et je me demande comment je pourrais jamais la remercier de cette touchante attention….

Ensuite, nous sommes rentrés et Deux-Billes s’est installée sur le canapé, pour y fumer une cigarette. Elle semblait soucieuse.

Moi, je ne faisais pas semblant : j’ETAIS TRES SOUCIEUX car :

Mon petit problème avait commencé à se déverser sur son magnifique tapis chinois en soie – dont elle est très fière - détail qu’elle n’avait pas encore remarqué, trop occupée à tirer sur sa cigarette, ses yeux encore gonflés de sommeil et perdus dans un certain vague auquel je n’aurai sans doute jamais accès.

Elle est tellement mystérieuse, ma Deux-Billes…., quand elle a des petits soucis…

Je me suis couché autour de l’immense tâche brun foncé qui ornait désormais « mon-son » tapis chinois, pensant innocemment soustraire cette dernière au regard de ma Belle, dès lors qu’elle serait effectivement bien éveillée.

Peine perdue : après avoir poussé un profond soupir et exhalé un dernier nuage de fumée, Deux-Billes s’est levée et a traversé le salon, pour regagner sa couche.

Ce faisant, elle s’est penchée sur moi, tout l’amour du monde gravé au fond de ses deux billes, pour se relever subitement, en suffoquant : elle AVAIT SENTI, VU, DONC DECOUVERT MON CRIME !!!

Je garderai à jamais à l’esprit le regard qu’elle a alors arboré : un mélange de perplexité, de désespoir, de peine, de chagrin, qui m’est allé droit au cœur. Mes noneilles (comme elle les surnomme si stupidement) se sont d’un commun accord couchées en arrière pour tenter vainement de camoufler la honte qui me submergeait.

J’aurais voulu me transformer en fourmi, voire, disparaître !!

Elle est restée silencieuse. En fait, je crois qu’elle ne parvenait même plus à hoqueter…C’est dire….

En traînant les pieds, les épaules voûtées, comme si elle portait tout le poids du monde sur ses frêles petites épaules, elle a choisi d’aller se réfugier sous sa couette.

Quant à moi, j’ai regagné mon panier, la mort dans l’âme.

Le lendemain matin, Deux-Billes a avalé deux cafetières, tout en tournoyant autour de NOTRE DéSORMAIS VILAINE TÂCHE, une cigarette dans chaque main.

Ainsi enveloppée d’un épais brouillard, manifestement, elle réfléchissait intensément.

Puis, elle a pris les choses en main.



C’est à dire qu’elle a empoigné son trésor de tapis chinois, l’a roulé, ficelé et traîné – non sans efforts – hors de NOTRE antre. Je n’ai jamais su ce qu’il est devenu….Paix à son âme. Je regrette vivement de l’avoir ainsi blessé. Pardon : tué.

Quelques instants plus tard, Deux-Billes est réapparue, seule, mais très en sueur.

Elle s’est alors emparée de l’aspirateur, qu’elle a passé frénétiquement dans toute la pièce, tandis que je me faisais le plus petit possible dans mon panier.

Trois cigarettes plus tard, elle a commencé à changer de place tous les petits tapis qui lui restaient :

D’abord, elle a posé en et lieu et place de « Feu le Chinois » la vilaine petite carpette qui jusqu’à hier soir ornait le hall d’entrée.

Apparemment peu satisfaite du résultat, elle a replacé la carpette en question à sa place initiale.

A bout de souffle, mais contente d’elle, elle a finalement remplacé son « défunt Chinois » par le tapis du « petit salon », ce petit coin d’où elle regarde stupidement chaque soir un écran lumineux qui apparemment la transporte de bonheur (jamais compris pourquoi, mais bon.).

Sauf que ce tapis EST BEAUCOUP TROP PETIT POUR MON GRAND CORPS.
Si ce ne sont pas mes pattes qui dépassent, c’est mon postérieur ou ma splendide queue de renard. Pour être parfaitement à l’aise, je dois me recroqueviller sur moi-même !!

Deux-Billes, ravie de sa trouvaille, a décidé que finalement, ce nouveau décor mettait en valeur son parquet, qu’elle juge « magnifique » (je cite). Parquet que depuis, elle encaustique vigoureusement au moins une fois par semaine.

Et sur lequel je glisse dangereusement chaque matin : chaque fois que je me lève pour me rendre joyeusement à la cuisine pour y prendre mon petit déj, je dérape systématiquement et dois soigneusement négocier mes virages, pour éviter de heurter les murs.

Ce matin, par exemple, je me suis cassé la figure, alors que je m’étais simplement contenté de m’étirer. Mais mes pattes ont débordé de ce foutu petit tapis de rien du tout et voilà : je me suis retrouvé les quatre fers en l’air !!

Savez-vous comment elle a réagi ?

Je vous le donne en mille : elle a éclaté de rire et : s’est aplatie à son tour …

Eh oui : Madame portait de petites chaussettes – ma foi très seyantes – mais qui glissent aussi bien que les coussinets sur les beaux parquets généreusement cirés….

Tandis que la tasse de café virevoltait au-dessus de nos deux têtes, nous nous sommes foudroyés du regard.

Quelques fois, il faut bien l’avouer, Deux-Billes ne réfléchit pas correctement….


Loulou-Li-Buck

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Dans l'écriture, la main parle; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles.
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02/11/2007, 21h54
Serenade c'est toujours un BONHEUR de te lire, que dis je, un INSTANT DE PAIX..... Smiley ............j'espère que tu vas bien ainsi que buck......encore merci pour cette lecture du soir, je me sens plus légère..... Smiley Smiley Smiley
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«La colère est pareille à un cheval fougueux ; si on lui lâche la bride, son trop d'ardeur l'a bientôt épuisé.»
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03/11/2007, 07h15
Belle histoire Serenade, j'ai dû rire en la lisant. Il suffit d'un 'p'tit rien" pour changer de déco Smiley
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04/11/2007, 00h44
Smiley
Merci Sérénade de lire une histoire croustillante et légére.... avant de se coucher cela fait du bien.
Bonne nuit à toutes et à tous
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parrain de Dreamer, Doggy, Tessy et Venus
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04/11/2007, 17h54
dis le toute de suite que tu veux nous tuer!!!
J'ai failli mourir étrangler de rire en buvant tranquille mon café. Tu pourrais prévenir!!!!
c'est malin parce que buck massacre le tapis de madame moi je nique mon jeans ah il est beau maintenant plein de café!!!! pfffff Smiley Smiley
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04/11/2007, 18h26
Serenade, j'adore cette histoire, vivement que tu nous écrive une autre mésaventure !!! Smiley Smiley
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04/11/2007, 22h36
Merci à tous :
fanny barth : j'espère que la prochaine fois ce ne sera pas une autre mésaventure !!!

Par contre, du coup que j'ai commencé à revoir la déco, et bien voyez-vous, je pense maintenant à changer les rideaux. Qui ne vont plus avec les tapis...

On dirait jamais, n'est-ce pas, qu'en prenant un vieux Monsieur à la SPA, celui-ci donnerait un "coup de jeune" à votre appartement, comment dire... accidentellement et par inadvertance .. ?

Merci à tous pour vos messages

Amitiés

Serenade

Serenade Smiley
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