04/08/2007, 01h49
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Dialogues de l’autre côté du miroir
II Tara Maintenant, dis-moi, Buck, elle a réagi comment, la Boule, quand elle t’a amené au Tierspital ? Buck Et bien on s’est levés très tôt le matin. Deux Billes avait tout préparé la veille : un linge pour moi, sa cafetière, ses clopes et ses lunettes de soleil (pour pouvoir lâcher quelques larmes en toute discrétion). Brigitte nous attendait sur le parking, les dents serrées : Brigitte est aussi une grande sensible. Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés à plusieurs reprises, pour qu’elles puissent fumer fébrilement leur cigarette, tandis que moi, je me soulageais tranquillement dans les buissons, en titubant et parfois en tombant toujours aussi bêtement sur mon ventre. Parvenus sur les lieux, nous avons envahi la salle d’attente, Deux Billes soigneusement cachée derrière ses lunettes noires, Brigitte et sa mâchoire désormais bloquée et moi, qui ne cessais de tomber, en faisant semblant que tout « roule ». Nous y avons tous attendu, enveloppés dans notre angoisse, sans mot dire, l’arrivée des médecins. Nous n’avons pas patienté très longtemps : au bout d’à peine quelques minutes, deux jeunes femmes fort sympathiques et – au demeurant – mignonnes ,m’ont rapidement pris en mains. J’ai d’abord été tâté de tous les côtés, par de charmantes petites phalanges féminines, sous le regard attentif – et légèrement jaloux – de Deux Billes, laquelle, lors de cet examen avait ôté ses lunettes. C’est là que je n’ai pas pu m’empêcher de penser : « faudrait vraiment qu’elle cesse de se maquiller, quand elle est émotionnée : maintenant, on dirait qu’elle a deux yeux au beurre noir…. ». Ensuite, les deux très jolies jeunes femmes ont expliqué à mon désormais Frankenstein échevelé qu’il me fallait subir une IRM, pour poursuivre les investigations. Et qu’il valait mieux que sa copine et elle aillent manger un morceau avant de revenir aux nouvelles. Elles m’ont donc confié aux jeunes femmes et se sont éloignées. Je n’oublierai jamais – et ne pourrai jamais – décrire le dernier regard que les deux yeux au beurre noir de ma Deux Bille m’ont lancé : c’est trop pathétique. Tandis que moi, de mon côté, je sentais que quelque chose de particulier m’attendait et tentais courageusement de combattre mon angoisse grandissante, le cœur serré. Et après, tout bonnement, on m’a endormi, ce qui fait que je ne souviens plus de rien, à part les rêves que j’ai faits : je nous suis vus, elle et moi, courir dans la neige…. C’était pas mal, je dois dire. Chinook Ca me rappelle la fois où elle m’a faite stériliser. J’étais tombée sur un vétérinaire – je suis polie, quand je dis vétérinaire – un charcutier qui avait totalement raté mon opération. Lorsque la Boule est venue me récupérer, je me souviens que j’ai ressenti une immense joie quand je l’ai aperçue. Je me suis dit, en mon for intérieur : « je suis sauvée ». Quand elle m’a vue, Boule est sortie de ses gonds. Elle a hurlé contre le médecin qui m’avait fait mal mais a tout de même gardé et sa dignité et son mascara. Et elle m’a immédiatement amenée chez un autre médecin, qui a réparé les dégâts provoqués par cet accident de parcours : mon ventre était ouvert et mes entrailles, apparentes. Ce fut la première fois que ce médecin m’a sauvé la vie.
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Dans l'écriture, la main parle; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles. |