Toujours Loulou-Li-Buck

Répondre Lancer une nouvelle discussion
18/04/2007, 21h17
DU COTE DE CHEZ DEUX-BILLES


Je venais de perdre l’Amour de ma vie No 2 : Mme Tara. Et j’avais quelque difficulté à m’en remettre : je ne mangeais plus, ne dormais plus et sortais encore moins. A quoi bon ?

J’ignorais la sonnerie du téléphone et ma porte restait close.

J’avais décidé de ne plus jamais regarder la vidéo du « chien dansant » sur Internet : ça me faisait trop mal.

Chaque fois que je rencontrai un Golden, je changeais de trottoir – alors que je crevais d’envie d’aller le serrer dans mes bras -.

Finalement, j’avais tellement mal que je ne parvenais même plus à pleurer.

Juste un immense vide, qui régnait à présent au sein de mon cœur, de mon estomac et de ma gorge.

Et qui envahissait mon salon, ma cuisine, ma chambre à coucher, toutes ces pièces qui avaient été témoins d’un bonheur sans faille partagé avec ma petite rouquine préférée qui puait le « rance » l’été mais peu importe : je lui glissais toujours dans l’oreille droite : « Tu sens merveilleusement mauvais, vilaine petite chose admirable que je la l’aime….. ».

J’avais donc décidé de démissionner. Après Mme Tara, Nul ne pénétrerait dans l’antre de mon cœur.

Mais bon, la vie parfois choisit de nous réserver des surprises.

Un vendredi soir, je ne sais pourquoi mon ordinateur m’a subitement appelée. Je crois en fait que j’avais envie ou de lui parler ou d’écouter ce qu’il avait à me dire.

Et ce sont bien mes doigts, ce soir-là, qui m’ont guidée et non ma tête.

Après quelques piannotements hasardeux, je suis tombée sur SA photo.

Il avait un peu les oreilles de Chinook, il était manifestement noir et roux et arborait une très belle queue de renard.
Mais en réalité, c’est son regard qui m’a attirée : un mélange de vécu triste mêlé d’une lueur d’espoir.

Je me suis dit : « Ce chien a quelque chose à me transmettre ».

Du coup, j’ai éteint l’ordinateur, vaguement affolée.

Je suis allée me coucher, sans parvenir à m’endormir : Ce regard ne me lâchait pas.

Y Y Y

J’ai beaucoup parlé avant de me décider à le rencontrer.

A mon meilleur ami, qui s’est offert de me conduire à lui, ainsi qu’à la responsable du refuge où il avait malgré lui dû prendre « ses quartiers ».

Pesé le pour et le contre. Changé d’avis au moins trois fois par jour.

Et puis, je me suis retrouvée dans la voiture de mon ami, contemplant stupidement une laisse que j’avais choisi d’emporter avec moi, qui se balançait – inutile, peut-être en attente - entre mes jambes.

La couverture dans laquelle je m’étais enfoncée dans mon chagrin était du voyage, soigneusement étendue au fond du coffre, à tout hasard….

J’avais peur, le cœur en pièces et les mains moites.

Y Y Y

Je me rappelle qu’il y avait du soleil, du vent, et beaucoup d’aboiements de chiens lorsque j’ai posé mon pied sur le sol, juste devant la grille, qui s’est finalement ouverte, nous laissant passer, moi et la laisse à laquelle je m’étais agrippée.

Une jeune femme m’a conduite devant une cage et c’est là que nos deux regards se sont croisés.


Effectivement, il paraissait indifférent, comme on m’avait prévenue.

Mais le regard était le même et déjà il accrochait le mien : effectivement il avait quelque chose à me dire et je n’avais qu’une envie : l’écouter, le toucher et sentir son odeur.

Y Y Y


Il marchait à mes côtés, un peu perdu, quelque peu désorienté.

Quant à moi, je me sentais malhabile et un peu bête, comme une novice.

J’ai tout de suite vu qu’il ne souffrait pas de dysplasie mais ai remarqué qu’il boitait de la patte avant gauche.

Il paraissait indifférent aux autres promeneurs, qu’ils soient humains, chiens ou chats.

Il ne me regardait pas : trop préoccupé par toutes les odeurs qu’il pouvait sentir, dont on aurait dit qu’il avait besoin de toutes les emmagasiner d’un seul coup.

Il était très grand et me semblait avoir trop de forces pour moi.

Au fur et à mesure de la promenade, j’ai toutefois senti imperceptiblement que nous commencions à « marcher de concert ».

Nous avions adopté un certain rythme, j’avais repris le commandement de la laisse, oubliant ma timidité du début et lui me suivait au pas. J’ai pensé, l’espace d’un instant : « Si j’ai pu diriger Chinook, je pourrais m’occuper de ce monsieur…. ».

Y Y Y


Je l’ai appelée une dernière fois.

Elle m’a dit : « si vous le prenez aujourd’hui et que vous le ramenez demain, il ne s’en remettra pas ».

Ca je l’avais compris. Et je n’avais pas peur de mes sentiments : j’étais déjà sous le charme. J’avais juste peur de ne pas être à la hauteur.

Je l’ai contemplé une dernière fois, alors qu’il savourait le coucher du soleil, assis aux côtés de ses compagnons d’infortune.

Une dernière fois, avant d’aller l’attacher à ma laisse, l’installer sur désormais « notre » couverture, dans le coffre de la voiture, avant de rejoindre désormais « son chez lui ».


Y Y Y


Sans aucune hésitation, il s’est tout de suite dirigé vers la porte de mon appartement, dont il a fait le tour prudemment.

Ensuite, timidement, il s’est couché sur le tapis du salon. Il avait l’air un peu perdu et m’a subitement paru plus petit.

Je lui ai donné à manger mais il n’a presque pas touché à sa gamelle.

Puis, au bout d’un moment, il m’a jeté un bref regard et s’est finalement décidé à tout engloutir, apparemment satisfait.

Dans la soirée, il a avisé le panier de Tara et y a délicatement posé une patte, qu’il a vivement rejetée en arrière.

Alors, après réflexion, j’y ai déposé tout aussi délicatement « notre » couverture, emprunte de « nos » odeurs.

Il m’a regardée faire, puis s’est confortablement installé.

Y Y Y

Dans mon sommeil, j’ai cru sentir sa présence, ses yeux fixés sur moi.

J’ai dû rêver, mais c’était un beau rêve, en tous les cas.

Ce matin, il est venu me réveiller : il s’est approché de moi, en remuant sa queue de renard, tandis que je lui tendais les bras, pour notre premier bisou et que …… mon cœur renaissait.

Deux-Billes

__________________
Dans l'écriture, la main parle; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles.
Répondre
24/05/2007, 10h12
très touchant Smiley

Répondre
24/05/2007, 11h05
Ouaouh, mon Dieu que c'est beau! C'est très bien écrit, très émouvant ET tout simplement beau! Merci.
__________________
CHIEN ADORABLE Smiley
Répondre
Avatar
25/05/2007, 20h09
euhhhhhhhhhhhhhhhhhh je ne sais pas quoi dire tellement ton message m'a pris aux tripes Smiley

MERCI SERENADE Smiley
Répondre
25/05/2007, 21h48
Et tu n'as pas tout lu, il y a un autre épisode tout aussi bien écrit: https://www.viveleschiens.com/newbb+viewtopic.topic_id+4124+forum+17+post_id+55444.htm#forumpost55444.
Smiley
__________________
CHIEN ADORABLE Smiley
Répondre
25/05/2007, 22h00
mais c'est une vrai histoire ou un travail d'écrivain ?

c'est très bien écrit en tout cas ... très beau ...
Répondre
25/05/2007, 23h15
Salut Lalali

Non, c'est l'histoire de notre rencontre, à Buck et moi. Mais j'ai toujours aimé écrire, surtout sur mes chiens. Alors, j'aime raconter par écrit les épisodes de notre vie.

Avant, j'écrivais les histoires de "Mme Tara", qui m'a quittée l'année dernière.

Merci à tous en tous les cas pour vos messages, ils commencent effectivement à me donner l'envie d'écrire des nouvelles.

Bonne nuit

Smiley
Serenade
__________________
Dans l'écriture, la main parle; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles.
Répondre
26/05/2007, 16h29
C'est vraiment une très belle histoire !!!!!!!!!!!!!

Je te le re-dis mais je trouve très bien que tu sauve tous les chiens que tu possèdes ou que tu as possédé !!!!
Smiley Smiley Smiley Smiley

Smiley Smiley Smiley Smiley
Répondre
Blondie_vlc
27/05/2007, 10h37
Je suis éternellement fan!!!
Répondre
30/06/2007, 10h34
c'est bon je suis fan aussi !!

tes textes sont des pures merveilles !!!

je vais lire les autres, j'ai vu que tu en avais écrit d'autres !

Smiley Smiley Smiley Smiley

bravo !

Smiley Smiley
__________________
Audrey...Maman de Suki, petite Akita Inu
http://i54.servimg.com/u/f54/11/94/81/09/signat11.gif
Répondre
Lancer une nouvelle discussion