27/10/2018, 15h10
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C'était un soir de février. Et comme le sont tous les soirs de février, il faisait froid. Une petite boule de poils noire et feu errait sur le parking devant notre immeuble. Seule, perdue, angoissée. Mon conjoint était allé se faire un café, et avait machinalement regardé par la fenêtre. C'est comme ça qu'il l'a vue. Il m'en a parlé. Et voilà! Ce qui devait arriver, arriva. Mon radar de sauvetage était enclenché. Je suis descendue avec Drop, mon amour de titoune qui m'accompagnait depuis 6 ans déjà. On a fait le tour du parking et on a fini par la repérer. Elle déambulait, fatiguée et stressée. Un jeune homme était devant une entrée d'immeuble. Je lui demande si le chien est à lui.
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'Vous la voulez? Elle est à vous'. 'Comment ça?' 'Bah, c'est à un pote que j'héberge, enfin à son ex qui a déménagé en emmenant ses cartons, mais pas sa chienne. Moi je vis chez mon père et il veut pas de chien chez lui.' 'Ok mais bon, il y a la SPA si vraiment c'est trop compliqué ' 'Ah oui mais moi je vais pas payer, c'est pas à moi'. 'Vous avez essayé de la faire adopter?' 'Oui, aujourd'hui j'ai croisé des gens avec un chien, je leur ai dit vous la voulez, prenez la. Ils l'ont prise mais à la première sortie qu'ils ont fait, elle s'est barrée. Puis ils en veulent plus, elle les laisse pas approcher, elle a mordu et en plus elle est pas propre...' Pendant ce temps, la chienne erre partout en tournant sur le parking, à moitié paniquée. Je lui propose d'essayer de l'attraper au moins. Il me dit qu'il a essayé mais qu'elle se sauve, que s'il n'y arrive pas eh bien il la laissera là et c'est tout. J'insiste. Il s'accroupit, l'appelle, 'Fifille, Fifille!'. Elle finit par venir vers lui et il la prend. Moi je lui redis d'aller à la SPA, il dit oui il va le faire, mais lundi. Pour ce week-end il peut pas la garder... Peu importe s'il ment. Peu importe si ses intentions sont de me manipuler. Je pense à cette petite chienne terrorisée. Alors je lui dis que je vais la garder ce week-end mais qu'il vienne lundi pour l'emmener à la SPA. Il dit ok, merci, bien sûr... Je ne lui demande même pas son nom, ni son numéro. A quoi bon? Au fond de moi je sais déjà qu'il ne reviendra pas, qu'il sera content d'être débarrassé, qu'il sera peut-être même fier de m'avoir roulé. Mais j'ai dans mes bras une petite créature tremblante, qui a froid, qui ne comprend rien de ce qui lui arrive. Alors, je l'emmène avec moi, dans l'immédiat elle aura un toit, de la nourriture et de la chaleur. Le lundi suivant bien sûr, personne n'est jamais venu. Ni les autres jours. |
27/10/2018, 15h45
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Au départ, mon mari n'était pas ravi ravi. Pour lui, je m'étais fait arnaquer par ce jeune, il ne comprenait pas que je ne sache ni son nom ni son numéro... D'office il a dit qu'on l'emmènerait à la SPA. Moi, j'ai eu l'idée de contacter la SPA et de leur raconter toute cette histoire. J'ai parlé à une dame très gentille, qui a dit qu'elle m'aiderait. Le lundi soir, j'emmène la chienne chez le vétérinaire.Elle n'est ni pucée ni tatouée. Une assistante repère ses tétons et demande au vétérinaire si elle ne serait pas pleine. Lui, indifférent, dit que c'est possible qu'elle ait eu une portée il y a quelque temps ... Elle doit avoir dans les 3 ou 4 ans... Croisée pinscher et terrier quelconque...
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Le soir, mon mari insiste : on ne la garde pas! Le mardi soir, la mort dans l'âme, j'emmène la chienne à la SPA... Mais voilà, je n'ai pas affaire à la gentille dame, mais à son équipe. Regards en coin entre eux, sous-entendus... On semble mettre en doute ma version. Penser que je mens. Qui irait prendre un chien comme ça à un inconnu sans demander de garantie? Sans avoir son numéro? Ni même son nom? Et si j'étais une amie à lui qui raconte cette version pour abandonner la chienne sans rien payer? J'aurais dû appeler la fourrière et ne pas la prendre. Maintenant c'est mon problème. De toute façon, ils ont pas de boxe assez petit pour elle. Elle va se sauver entre les boxes, ça va être la galère avec les autres chiens... Je suis sidérée. Ok mon histoire est peut-être peu crédible. Ok ils reçoivent souvent des idiots ou des menteurs. Mais j'ai un chien depuis 6 ans dont je m'occupe bien. Je ne suis pas de mauvaise foi. Je suis sans doute naïve, à vouloir croire les gens sans douter, sans comprendre que le monde ne fonctionne pas comme ça... Mais en attendant je fais quoi? Ils me disent : "Vous avez qu'à lui trouver une famille". Moi (naïve je vous dis!): 'j'ai le droit de donner un chien qui ne m'appartient pas?' Eux : 'techniquement elle n'est à personne'. Moi : 'mais comment je vais trouver quelqu'un qui en veut? Vous avez pas des noms?' La seule concession qu'ils font, c'est me donner quelques numéros de gens intéressés pour adopter un chien de petite taille. Je me revois après, dans la voiture, désemparée, la petite chienne assise sur moi. On est resté là un long moment. Je ne savais pas quoi faire. J'avais tellement pitié d'elle! Et mon mari, qu'allait-il dire en me voyant revenir avec elle? |
27/10/2018, 17h09
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A la demande générale et pour répondre aux incessantes sollicitations des fans inconditionnels de Grignette, je poursuis enfin cette histoire.
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Donc. Me voilà de retour à la case départ avec la petite chienne sur les bras. Et mon mari qui maugrée qu'il m'avait prévenue, qu'il va pas changer d'avis, qu'on va pas la garder hors de question. Je passe des annonces à mon travail. Auprès des membres de la famille. J'appelle les gens qui ont contacté la SPA à la recherche d'un petit chien. Je vous épargne tous les rebondissements de cette recherche épique (ah si, vous voulez les détails? Bon bon, ok). - Un collègue de mon frère est intéressé, Il veut la prendre sans vouloir la voir avant, sans vouloir que je l'appelle pour lui expliquer la situation ou lui décrire la chienne. Ok... C'est un peu bizarre, non?Je décline. Premier sursis pour la petite chienne. - Une famille la veut, ils ont eu un gros chien déjà, là ils en veulent un petit pour leur jeune adolescente. Ils débarquent, la mère de famille approche sans sommation de la chienne apeurée pour lui tapoter le crâne, la chienne la pince. Ok... Donnons leur une seconde chance. Dans l'appartement, avec le recul j'en rigole encore, la chienne rase les murs le plus loin possible du canapé pour les éviter. Ils sont là assis en rangs d'oignon, veulent la caresser et la prendre, et on dirait un rat sauvage qui va mordre. Elle ne se présente vraiment pas sous son meilleur profil! Et moi qui tente de vendre ses atouts et son charme inné! Si si, elle est gentille. Mais il faudra être patient, euh... Elle a été traumatisée... Bon elle n'est pas encore vraiment propre mais avec de la patience... Et sinon, oui, on peut l'approcher, quand on la connait bien... Et la chienne qui les évite, le plus loin possible, qui refuse même de manger la friandise qu'ils lui tendent du bout des doigts. Hum... Ils disent qu'ils vont réfléchir et me rappeler. Je n'ai jamais eu de nouvelles bien sûr. Sans regret. Car je comprends que leur fille veut en fait un chihuahua nain comme un accessoire de mode à exhiber aux copines. A la Paris Hilton. Et étrangement, elle n'a pas été emballée par les yeux globuleux, la mâchoire prognate et les épaules trop avancées de cette petite chienne tordue. La chienne a un deuxième sursis. - une dame plutôt speed veut un chien pour l'emmener partout avec elle. Elle travaille au domicile des personnes âgées et veut que la chienne l'accompagne. Soit. Je précise que ce sera peut-être possible un jour mais pas dans l'immédiat, vu son manque d'enthousiasme actuel à saluer des inconnus... Ensuite elle me sort son CV et toutes les photos de son précédent chien, comme preuve de son attention pour les animaux. Bien, oui... Mais elle est sportive et veut un chien qui part en forêt avec elle pour courir, tous les jours. Ah!? Euh... Alors, je sais pas si elle a remarqué mais c'est plutôt une chienne de salon. Qui pour l'instant ne montre pas d'évidentes aptitudes à la course. Ni même à la marche, d'ailleurs... Son record pour l'instant c'est le tour du bâtiment, hein... La dame persiste. Elle pourrait la prendre le week-end en essai? Je ne dis pas non. Elle s'en va en promettant de me rappeler. La chienne n'a pas dû la conquérir car je n'ai pas eu de nouvelles (Ou alors c'est la chienne qui a saboté le téléphone pour ne surtout pas aller chez cette folle de la course à pied lol) Sursis numéro 3. |
28/10/2018, 01h38
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- et puis il y a eu cette gentille dame qui avait un chat caractériel. Elle était tentée de prendre la chienne, mais avait peur de la réaction de son chat. Moi je disais sans détour comment était la chienne, les soucis, la patience nécessaire... S'est elle découragée à cause de moi? Autre chose? En tout cas, elle a changé d'avis au dernier moment.
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Sursis numéro 4. Ce qui a laissé le temps à cette petite créature peureuse, mais pas bête, de se creuser une place au chaud dans le coeur de mon mari. Moi dès le début j'avais plaidé sa cause : on a déjà les contraintes de sorties, de véto, acheter croquettes, soins, contraintes pour les vacances... Pour un chien. Ca change quoi avec deux? Elle mange presque rien vu sa taille. Pis elle est minuscule, elle aboie jamais (c'est rare pour un p'tit chien! Non?). On la fera stériliser et pas de problème de cohabitation avec notre mâle entier. Alors? Regarde sa frimousse, elle est toute mimi, regarde comme elle est câline... (car, oui, au début c'était une sauvage apeurée, mais après elle était un vrai pot de colle). Et puis un jour, mon p'tit mari me demande : 'tu dis que tu la ferais stériliser? Ça coûte combien ça?' Et là j'ai su que c'était gagné. |
28/10/2018, 01h46
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Mais comme dit le proverbe : un bonheur n'arrive jamais seul.
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Elle était là depuis quelques semaines. Elle avait son nouveau nom, pour un nouveau départ : Grignette. Elle n'était pas encore complètement propre mais il y avait du mieux. Elle était calme et cherchait les caresses avec nous, même si elle restait terriblement craintive avec les inconnus (qqs amis se souviennent encore des pincements auxquels ils ont eu droit en venant trop près pour la toucher). Un soir, drôles de gargouillis dans son ventre. Euh... C'est plus que des gaz ça, non? On commence à regarder plus attentivement ses tétons. Cette taille, là, c'est normal? Et les 'gargouillis' sont de plus en plus nombreux. Et c'est de plus en plus comme des poissons qui glissent et s'appuient contre nos mains. Ok. Elle est pleine. C'est certain. Et c'est sûrement pour bientôt. |
28/10/2018, 01h50
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Mais comme dit le proverbe : un bonheur n'arrive jamais seul.
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Elle était là depuis quelques semaines. Elle avait son nouveau nom, pour un nouveau départ : Grignette. Elle etait pucée et vaccinée. Vermifugée aussi, car un jour j'avais vu que ses selles étaient bourrées de vers. Elle n'était pas encore complètement propre mais il y avait du mieux. Elle était calme et cherchait les caresses avec nous, même si elle restait terriblement craintive avec les inconnus (qqs amis se souviennent encore des pincements auxquels ils ont eu droit en venant trop près pour la toucher). Un soir, drôles de gargouillis dans son ventre. Euh... C'est plus que des gaz ça, non? On commence à regarder plus attentivement ses tétons. Cette taille, là, c'est normal? Et les 'gargouillis' sont de plus en plus nombreux. Et c'est de plus en plus comme des poissons qui glissent et s'appuient contre nos mains. Ok. Elle est pleine. C'est certain. Et c'est sûrement pour bientôt. |
29/10/2018, 12h05
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J'ai tout lu ......et j'attends la suite.......
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30/10/2018, 00h10
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La suite! La suite!
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Donc, une fois que les bébés ont été détectés, le jeu c'était : combienkisontladedans??? Au moins 2, peut-être 4? Et surtout : quelle est la taille du papa? Va-t-il y avoir des problèmes à la mise bas? Le véto consulté nous dit qu'une chienne de ce gabarit n'aurait pas accepté un mâle faisant plus du double, donc le père doit faire maxi 10 kilos. On refuse l'échographie, mais on se tient près pour l'amener en urgence le jour J. Faisons confiance à la nature... J'achète un thermomètre, je prends la température, histoire de savoir quand ça risque de se déclencher. Et le jour J arrive... Nous sommes vendredi soir (elle a bien calculé son coup, la futée!). Le matin, elle a refusé sa nourriture (autant dire que ce n'est jamais arrivé avant). Elle a vomi pendant sa balade. J'ai repéré des contractions. Le soir, son panier est près avec moult serviettes. Elle refuse d'y aller mais se colle à moi, que pourtant elle ne connaît que depuis un mois. Elle se met à déambuler en haletant, puis se gonfle comme un kiwi. C'était très bizarre lol:Tout à coup on aurait cru qu'elle se tenait sur la pointe des pattes en retenant son souffle et en arquant le dos, et son ventre était tout rond, un vrai kiwi quoi. La pauvre, les contractions étaient bien là. Le premier bébé est apparu, pattes arrière en premier, dans une bulle formée par le placenta. Ça a été long. Elle souffrait, et c'était toujours comme ça 1/4 d'heure plus tard. Je n'osais pas tirer car elle criait de douleur quand j'essayais. On a appelé le vétérinaire de garde, dans le doute. Et finalement, pendant qu'on lui parlait au téléphone, j'ai tiré pendant une contraction et le chiot est sorti. Ouf! Grignette a assuré comme une chef. Tout de suite a mangé le placenta, coupé le cordon, léché le chiot... Elle était encore affairée dessus quand le deuxième est sorti, à toute vitesse celui là! De nouveau elle s'en est parfaitement occupée. Et puis, longtemps après, tellement longtemps qu'on a cru que c'était fini, le 3ème est arrivé. Une heure après, je me suis aperçue que le cordon ne s'était pas bien refermé, du sang en sortait en goutte à goutte. Alors là, je suis devenue infirmière des urgences! Fil, ciseaux, allons-y, on ligature! Les 3 bébés étaient des filles. Toutes noir et feu comme leur maman. Un p'tit côté yorkshire, sans doute venant du papa... On ne saura jamais avec certitude. Grignette était très dévouée, ne voulait plus sortir, refusait de rester dehors, pleurait et me suivait dès que je prenais les chiots... La première fois que j'ai voulu la sortir, elle a fait pipi sur le paillasson de la voisine (bah oui, ça allait plus vite bien sûr!). La deuxième fois , elle a fait dans l'ascenseur. Ggrrr... Après elle a compris qu'elle remonterait vite et retrouverait ses bébés. J'étais sûre qu'on arriverait à leur trouver des familles, même croisées, même sans connaître le père. Et ça a été le cas. Ma soeur a promis d'en prendre une. C'était la première, Knacki. Une voisine a réservé la deuxième, plus petite, plus marron que noire. Elle l'a appelé Tchika. Et retour à la SPA pour avoir des numéros! Un couple a voulu venir voir les chiots le jour même. Ils ont réservé la 3ème, Douchka. Malheureusement, Knacki est morte à 3 ans, tapée par une voiture. Sous les yeux de mon neveu qui descendait la rue pour la récupérer. Les gens en voiture ne se sont même pas arrêtés. Le gamin de 10 ans a remonté toute la rue, sa petite chienne morte dans ses bras... Tchika était incapable de rester seule, même avec la présence d'une autre chienne. Elle avait développé une sorte de stress ou d'angoisse de la séparation. Sa propriétaire a fini par la donner car les voisins se plaignaient trop. J'espère qu'elle est chez des gens présents et aimants. Douchka a adopté sa nouvelle famille dès le premier jour et a tout de suite adoré leur chienne qu'ils avaient déjà. Ca a été elle la plus chanceuse. Le plus drôle, c'est que durant la première semaine de vie des chiots, on a hébergé des amis. Grignette était une lionne féroce et terrorisait tout le monde . Elle grognait quand ils traversaient le salon, pinçait les mollets quand ils traînaient trop longtemps, aboyait comme une furie au moindre coup de sonnette (alors que j'avais argumenté en sa faveur en disant qu'elle aboyait jamais lol!). Les pauvres! Et je ne parle pas de Drop! Il n'osait plus bouger un orteil! Il a été adorable et d'une patience! Alors qu'elle lui avait piqué sa place, avait envahi son espace, l'avait grogné durant des semaines... Mais Drop, c'est un chien exceptionnel. Et c'est mon chien! |